A l’occasion d’une réunion organisée mardi 23/03 au ministère de la Transition écologique afin de présenter les engagements des acteurs de la publicité en faveur de l’environnement, les entreprises de l’alimentation ont annoncé retirer toutes les publicités alimentaires autour des programmes destinés aux enfants, en particulier à la télévision.
Engagées dans la lutte contre l’obésité et pour la promotion des bonnes pratiques alimentaires des enfants à travers la Charte Alimentaire dont elles sont signataires, au titre de laquelle est notamment produite la série Marcus de Gark qui promeut le bien manger et le bien bouger, AnimFrance et la SACD déplorent ce qui ressemble à une opération de « greenwashing » destinée à se donner bonne conscience.
Alors que la télévision et la publicité peuvent jouer un rôle actif, positif et prescripteur en faveur de la transition écologique comme des pratiques alimentaires et des comportements favorables à la santé, cette mesure d’auto-censure des industriels de l’alimentation est à rebours d’une politique responsable et pédagogique.
Une telle mesure générale, ne ciblant d’ailleurs pas spécifiquement les produits les plus gras ou les plus sucrés, relève en effet d’une politique de communication qui s’écarte de toute volonté ou démarche pédagogique sérieuse et vise avant tout à s’affranchir d’afficher le Nutri-score des produits promus. Elle ne s’embarrasse pas non plus des conséquences négatives qu’elle va avoir pour l’économie des chaînes de télévision privées qui proposent des offres ambitieuses et adaptées aux enfants comme pour les professionnels de l’animation et de la création pour la jeunesse. Elle est par ailleurs totalement cynique quand on sait que ces mêmes industriels continueront à promouvoir leurs produits dans des écrans autres que jeunesse où les enfants peuvent être massivement présents. Ils ne consacrent en effet qu’un tiers de leur consommation télévisuelle aux programmes qui leur sont dédiés.
La suppression de tout écran publicitaire alimentaire autour des programmes pour enfants à la télévision va inévitablement générer des répercussions économiques graves pour les chaînes jeunesse et pour les créneaux dédiés aux enfants sur les chaînes privées. C’est prendre le risque de restreindre l’attractivité des programmes jeunesse pour les chaînes privées, de fragiliser leurs investissements dans les programmes d’animation, dont la France peut s’enorgueillir d’avoir su faire émerger un secteur d’excellence, et d’affaiblir les rémunérations des auteurs, déjà fortement éprouvés par la crise du Covid.
A l’heure où l’avenir de France 4, si essentielle pour la diffusion de l’animation et le maintien du lien entre le service public et la jeunesse, reste incertain, c’est un nouveau mauvais coup fait à l’animation française et aux programmes jeunesse, sans que la santé des enfants n’y gagne quoi que ce soit.
AnimFrance et la SACD demandent au ministère de la Culture et au ministère de la Santé de se saisir sans tarder de ces enjeux pour que la volonté, partagée par tous, de renforcer les engagements en faveur du climat n’aboutisse pas à des renoncements opportunistes. Il est encore temps d’agir pour éviter que les nouvelles pratiques des industriels de l’alimentaire ne conduisent à la fois à fragiliser le paysage audiovisuel et la création française et à nuire aux efforts engagés en faveur de l’information des enfants sur l’alimentation, en particulier à travers l’affichage du Nutri-score, qui doit rester un outil pédagogique incontournable.
Le 25/03/21 ACD – Caroline Collard – AnimFrance – Stéphane Le Bars – L’article sur leur site –