L’origine de l’autisme mieux comprise

Les troubles du spectre de l’autisme sont le résultat d’une anomalie dans le neuro-développement durant l’enfance. Aujourd’hui, des chercheurs apportent un éclairage sur leur origine. (temps de lecture: moins de 2 min)

Les «troubles du spectre de l’autisme» (ou TSA) toucherait environ 700.00 personnes en France selon les données de l’Inserm. L’autisme impacte les relations interpersonnelles à travers des problèmes de communication verbale et non verbale, des troubles du comportement comme une réticence au changement, et des réactions sensorielles inhabituelles. Ces troubles apparaissent dès la petite enfance et sont en général diagnostiqués précocement.

Récemment, une équipe de chercheurs a identifié un lien entre une croissance excessive de l’amygdale dans le cerveau et les TSA.

L’amygdale est une glande dans le cerveau qui joue un rôle important dans l’interprétation des données sensorielles (auditives, visuelles, cutanées, etc.). Elle permet par exemple de lire les émotions sur un visage ou de transformer l’interprétation des dangers de l’environnement en peur. Depuis longtemps, les scientifiques savent que sa taille est plus importante chez les personnes atteintes d’autisme, mais on ne savait pas exactement à quel moment ni pourquoi elle devient hypertrophiée.

Une équipe de chercheurs a récemment -et pour la première fois- utilisé l’imagerie par résonance magnétique (IRM) chez des nourrissons. Au total, 408 bébés âgés de 6 à 24 mois ont été soumis à un scanner pendant leur sommeil naturel. Parmi eux, 58 présentaient un risque accru de développer une forme d’autisme (pour des raisons génétiques) et ont été diagnostiqués comme tel ultérieurement.

En analysant les images des cerveaux des nourrissons, les chercheurs ont remarqué que l’excroissance de l’amygdale commençait entre 6 et 12 mois, un peu avant l’âge où les premiers comportements typiques de l’autisme apparaissent. Les bébés atteints du syndrome de l’X fragile connaissaient eux aussi une croissance de leur amygdale plus rapide et plus importante que chez les autres bébés. Cette hypertrophie se poursuit jusqu’à 24 mois. «Plus l’amygdale se développait rapidement dans la petite enfance, plus l’enfant présentait des difficultés sociales lorsqu’il était diagnostiqué autiste un an plus tard», précisent les auteurs de l’étude.

Autisme: d’où vient cette croissance excessive de l’amygdale?

D’après les chercheurs, les enfants qui deviennent autistes ont des problèmes d’attention aux stimuli visuels de leur environnement. Leur hypothèse suggère que ces troubles précoces de traitement des informations visuelles et sensorielles conduiraient à un stress accru sur l’amygdale, et donc son développement excessif.

Leur découverte pourrait permettre de prendre en charge plus précocement les enfants qui deviendront autistes. «L’objectif d’une intervention pré-symptomatique pourrait être d’améliorer le traitement visuel et les autres traitements sensoriels des bébés avant même l’apparition des symptômes sociaux.» Un traitement qui pourrait avoir lieu dès la première année de vie des enfants.

Un consortium international avait déjà mis en évidence en 2018 une autre particularité du cerveau des enfants autistes: un déficit de connexions neuronales dites « courte distance ».

Source: sciences et vie mars 2022