Le dispositif “Lettres et culture” du collège Marc Seguin (voir description article du 12 mars 21) a été mis en place il y a six ans à partir d’une formation REP+ avec Serge Boimare, psychopédagogue, ancien directeur pédagogique et administratif du Centre Médico-psychologique Claude Bernard à Paris. Il a débuté sa carrière comme instituteur et s’est spécialisé en intervenant auprès d’élèves en grandes difficultés.

Le podcast #56 “Ces enfants empêchés de penser.” est un interview réalisé sur la chaîne Youtube Montessori – apprendre autrement. Le titre est emprunté au titre du livre de Serge Boimare édité en 2008 (Dunod, Malakoff). Merci à Maude Boche de l’école Saint-Saëns qui a trouvé ce podcast.

Pour ceux et celles qui préfèrent un (grand) résumé :

• Le trouble de l’attention est un moyen pour se défendre face à “l’empêchement de penser”. Pour faire simple, cela se traduit soit par un enfant qui dort soit par un enfant qui s’agite.

• Se retrouvent en échec scolaire (voire décrochage scolaire) des élèves qui n’arrivent pas à s’engager dans l’activité intellectuelle. L’exercice de pensée crée chez ces élèves une situation de déstabilisation et d’inquiétude. Serge Boimare décrit deux origines conjointes à la construction de ce blocage:

1- une origine familiale : à la suite d’insuffisances éducatives, elle confie, à l’école, un enfant qui a deux handicaps:

• il n’a pas les compétences psychiques pour supporter les contraintes de l’apprentissage (respect des règles, attendre, faire des retours réflexifs et accepter ses insuffisances …)
• il a un monde intérieur pauvre, parfois chaotique voire inquiétant, ce qui fait obstacle à la production des représentations qui va lui permettre de fonctionner intellectuellement.

Pour éviter ces deux obstacles, deux appuis éducatifs sont fondamentaux:

1/ initier normalement l’enfant à la frustration 2/ les interactions langagières précoces

2- une origine scolaire : l’école ne va pas agir contre la mise en place des fonctionnements “en empêchement de penser” de ces enfants qui n’ont pas pu développer les compétences psychiques et de représentation intérieur dans leur prime enfance. L’école propose essentiellement de l’entraînement supplémentaire pendant toute leur scolarité (groupe de soutien…) ce qui conduit à un renforcement des “stratégies anti-apprentissage”(troubles du comportement, opposition, rejet des temps réflexifs, des idées d’auto-dévalorisation, ou de persécution, stratégie d’association immédiate…).

Pour aider ces enfants (15 à 20% des jeunes sortent de la scolarisation obligatoire sans maîtrise des savoirs fondamentaux), il faut faire d’autres propositions pour relancer “la machine à penser”. Deux voies:

• enrichir leur monde intérieur : avec des textes fondateurs de notre culture, des contes, des romans initiatiques qui traitent des grandes questions humaines (lecture à haute voix quotidienne/ apport culturel ritualisé).
• entrainement à la réflexion à partir de ces textes (en classe entière, par groupe). Être à la recherche de son propre point de vue sur des questions philosophiques et le confronter à celui des autres.

Le dispositif “Lettres et culture”, par ses trois lectures-débats hebdomadaires, offre le nourrissage culturel et les échanges réflexifs propices à la reconquête de ce monde intérieur.